
Hors-Saison
Escapades loin du tumulte du monde...
Cap-Vert, voyage sur des îles oubliées
31/12/2014 : île de Sal
Après un voyage un peu long et fatiguant, nous posons le pied à minuit sur l'île de Sal, et rentrons directement en taxi au DOURADA STUDIO (30€ le studio pour 4 sans petit-déjeuner), Santa Maria, pour nous écrouler de sommeil !
Au réveil, nous partons à la recherche d'un petit-déjeuner. Nous nous arrêtons en terrasse d'un petit café pour goûter à la traditionnelle (et roborative) cachupa. Une rapide balade dans Santa Maria nous convainc de la quitter au plus vite. En effet les constructions anarchiques en parpaings défigurent la ville et les vendeurs de breloques sont trop insistants voire agressifs. La magnifique plage au sable blanc et à l'eau turquoise n'est pas un argument suffisant pour nous faire rester.
Nous prenons donc un aluguer jusqu'à Espargos (100 ecv/pers). De là, nous marchons une heure vers Palmeira à travers un paysage plat et désertique. Le petit port nous enchante beaucoup plus avec son calme, son authenticité et ses bars à la cubaine. Nous découvrons que nous ne pourrons pas quitter l'île en bateau avant dimanche ! Nous trouvons une chambre (-ou plutôt un appartement vide-, pour 2500 ecv) en nous renseignant auprès d'une épicière, et ainsi débarrassés de nos sacs à dos, nous partons nous balader sur la plage. Nous partons ensuite boire une bière locale, en attendant minuit, ainsi que d'excellentes caïpirinhas tout en écoutant des enfants entonner des chansons traditionnelles en échange de quelques escudos. Mais la fatigue nous rattrape avant l'heure fatidique et nous allons nous coucher la mort dans l'âme.




01/01/2015 : Réveil à Palmeira
Après un copieux petit-déjeuner de sandwichs et de fromages de chèvre, nous partons en aluguer vers Espargos (même tarif que depuis Santa Maria) dans l'espoir d'attraper un vol pour quitter l'île. Après quasiment 4h d'attente nous parvenons à acheter un billet pour Sao Vicente, et encore 3h plus tard nous décollons dans un vieil avion de la TACV (la compagnie nationale). L'arrivée à Sao Pedro est spectaculaire, au ras de la plage et entre des montagnes noires et acérées. Nous sautons dans un taxi pour Mindelo et passons par une route coincée entre plage et montagne. L'arrivée de nuit en surplomb de la ville est très jolie.
Nous posons nos valises au Residencial Che Guevara (4690 ecv la chambre double avec petit-déjeuner) avant d'aller prendre un dîner mérité, bien qu'un peu décevant, au Chave d'Ouros.
02/01/2015 : A l'assaut de Mindelo
Passant sur le port nous en profitons pour acheter nos billets de bateau aller-retour pour Santo-Antao, l'île voisine. Alors que nous nous sommes arrêtés pour goûter quelques pâtisseries nous faisons connaissance avec une jeune chienne qui nous suit en balade à l'extérieur de la ville. La route, en bord de mer, est à flanc de falaise et surplombe la chantier naval. Quelques constructions en cours laissent présager que bientôt de gros hôtels viendront ternir ce lieu si sauvage. La route se termine sur un cap où gisent d'anciennes installations militaires dont d'énormes canons. Le point de vue sur la côte est de toute beauté. De retour en ville nous prenons un petit snack avant de plonger nos orteils dans le sable blanc de la plage et notre regard dans les vagues.
Retour à l'hôtel pour se reposer les pattes, un petit dîner en bord de mer puis au lit car demain on randonne dans le désert !


Nous prenons le petit-déjeuner à l’hôtel. Celui-ci avalé, nous partons à la découverte de la ville qui semble avoir tant à offrir. Malheureusement le marché aux poissons est fermé, ainsi que la Tour de Belem qui abrite le Musée de la Mer. Le Palais du Gouverneur ne se visite pas mais nous pouvons faire un tour dans le marché coloré et sur sa coursive.
Finalement la visite est bien rapide. Heureusement que la ville est bordée par une mer turquoise.

03/01/2015 : Périple dans le désert
Après un nouveau copieux petit-déjeuner à l'hôtel Che Guevara nous empaquetons nos affaires et partons vers le Monte Verde (13km aller), point culminant de l'île où, d'après le guide, nous attendent verdure, fraîcheur et petite pension familiale.
Nous partons vers 10h sous un grand soleil et mettons un moment avant de pouvoir sortir de cette ville si étendue. La route pavée mène droit vers les montagnes mais l'embranchement qui nous intéresse semble long à arriver. Nous nous renseignons auprès d'un homme fort sympathique quant à la route à suivre, éveillant ainsi la curiosité de toute sa famille.
Vers 14H30 nous posons enfin le pied au sommet de la montagne. Quelle n'est pas notre déception d'y découvrir un squat de jeunes installé au milieu d'une ancienne usine électrique ! La petite pension où nous espérions nous reposer un peu devait être une des petites maisons fermées que nous avons croisées tout au long de la route.
Nous redescendons donc un peu déçus et décidons de continuer notre route vers Baia das Gatas. Nos pieds commençant à fatiguer nous faisons du stop et sommes pris par un jeune couple qui nous emmène sur place. Nous sommes alors fascinés par la puissance des vagues et leur couleur turquoise. Un banc de cailloux forme un petit lagon calme au milieu de ce tumulte. Nous mangeons un mauvais en-cas dans le snack de la plage et décidons de prendre un aluguer pour Mindelo car ici tout est fermé. Nous tombons alors sur trois jeunes qui acceptent de nous ramener et nous déposent à l'hôtel Chez Loutcha (4200 ecv avec petit-déjeuner annoncé mais en fait seulement 3700 demandés à la sortie car la taxe est « oubliée »). Après une soupe rapide au son d'un concert, nous nous endormons sans tarder.
Désormais arrivés sur le bon chemin (au niveau de la seule intersection dont le marquage au sol se scinde réellement en deux) nous commençons notre ascension de la montagne (environ 8% de dénivelé sur 6km de montée). Le vent souffle en fortes rafales, nous obligeant à tenir nos chapeaux bien vissés sur nos têtes et apportant effectivement la fraîcheur promise. Malheureusement, une épaisse brume masque un paysage qui doit pourtant être grandiose, mais la végétation est en effet plus dense et certaines plantes sont en fleurs.


04/01 : Les vagues de Calhau
Après une bonne et longue sieste, nous descendons prendre notre petit-déjeuner, fermement décidés à visiter le petit village de pêcheurs situé de l'autre côté de l'île : Calhau. Nous apprenons avec joie qu'étant dimanche, la pension Chez Loutcha organise un buffet dansant dans son établissement de Calhau, avec un bus gratuit.
En attendant nous partons visiter le Musée de la Mer, ouvert en ce jour touristique. Il n'est heureusement pas cher (100ecv) car peu fourni...
La belle surprise qui nous attend aujourd'hui vient de la merveilleuse route dans les terres, traversant une oasis de verdure ! De petits potagers bordés de murets de pierres émergent des bosquets de palmiers et de mimosas, et des poules ainsi que de petites biquettes s'y promènent avec une nonchalance toute capverdienne.
Le village de Calhau quant à lui est un peu décevant mais cela est sûrement dû à la période touristique. Le bord de mer cependant est beau et plein de caractère, d'autant plus qu'une brume épaisse s'est abattue cette nuit sur l'île et refuse de se lever. Inutile de chercher de grandes plages de sable blanc, ici ce ne sont que de grandes coulées de lave sur lesquelles viennent s'écraser de belles vagues bleues. Et pour parachever ce tableau chaotique, un grand cratère ocre et noir veille sur l'ensemble.
Notre contemplation achevée, nous nous rendons un peu tard au buffet où nous profitons d'un repas et d'une ambiance sympathiques. Vers 16h30, nous repartons pour Mindelo où nous retrouvons toutes nos affaires conservées à la pension Che Guevara. Une dernière caïpirinha sur la plage et nous filons nous coucher. Demain c'est une nouvelle île qui nous attend.



05/01 : En bateau pour Santo-Antao
Sitôt réveillés, nous préparons nos sacs et filons prendre le petit-déjeuner car nous devons être à 7h30 à l'embarcadère. Quelle n'est pas notre surprise de découvrir une pluie matinale, fait rare sur Sao Vicente. La brume quant à elle est toujours présente et nous prive, sur le bateau, du spectacle de l'océan.
Il y a un point sur lequel les guides ne se trompent pas : c'est bien la sensibilité des capverdiens au mal de mer, en témoigne la distribution de sacs plastiques au départ du ferry.
A notre arrivée à Porto Novo, une heure plus tard, nous sommes assaillis par les chauffeurs d'aluguers. Après une brève hésitation, nous décidons de nous faire emmener jusqu'à Lombo de Figueira d'où nous continuerons à pieds jusqu'à Ribeira Grande. Nous nous économisons ainsi 14km de marche sur un terrain aride et sans intérêt.
Une vue imprenable sur le cratère de Paul est là pour nous accueillir. Nous entamons notre marche à travers des paysages grandioses et une flore luxuriante. Les ribeiras forment des gorges profondes entre des montagnes escarpées sur lesquelles les paysans ont installé des terrasses ; travail titanesque qui nous semble inconcevable à réaliser. Un peu partout de petites chèvres bêlent à notre passage, de ravissantes mules attendent une caresse et des vaches esseulées nous regardent en ruminant quelques brins de foin. Nous traversons de nombreux petits villages, dont les habitants, surpris de nous voir à pieds, sont souvent ravis de nous saluer. Les enfants nous accueillent ainsi fréquemment en criant « Turista ! ».
A 17h, nous commençons à chercher un endroit où dormir. Malheureusement à ce moment là, la route passe sur une crête acérée et un épais brouillard masque le paysage. Nous finissons par trouver un petit coin à vaches où nous nous empressons de nous installer alors que commence à tomber une pluie timide. Nous démarrons un petit feu et dînons d'un maigre repas composé de maïs et d'une soupe, avant de nous réfugier sous la tente alors que la pluie tombe toujours.



06/01 : Arrivée à Ribeira Grande
C'est un peu fatigués que nous nous réveillons à l'aube. Nous nous empressons de replier bagages et tente pour reprendre la route, un petit creux dans le ventre. La brume ne s'est que très peu dissipée mais malgré tout nous voyons bientôt l'océan au loin, notre point d'arrivée.
Au fur à mesure de la descente la végétation change, et apparaissent ainsi papayers, bananiers, palmiers,... Aux abords de la ville, située dans la vallée, les plantations de cannes à sucre deviennent omniprésentes. La route menant à Ribeira Grande surplombe la ville et laisse présager qu'elle n'aura rien à offrir. Les constructions en béton se font de manière anarchique dans le fond de cette vallée, brisant ainsi toute la beauté de ce décor de montagnes tropicales. Il est 11h quand nous arrivons en ville et cherchons désespérément un endroit où nous restaurer, d'autant plus que nos jambes sont meurtries par cette longue marche (21km de montées et descentes depuis Lombo de Figueira).
Les aluguers sont nombreux ici et c'est facilement que nous rejoignons Paùl. La route longe le littoral et passe au pied des falaises immenses. Paùl est un joli petit village installé au débouché d'une ribeira sur une plage de galets noirs. Ici la mer est déchainée et forme des rouleaux impressionnants d'un bleu glacial et d'un blanc intense.
Encore une fois, la visite du village est rapide mais a l'avantage d'être reposante. Tant mieux, car Véra commence à être malade ! Nous trouvons donc une petite pension pour nous y reposer : la Vila de Paùl, à proximité de la Poste. Celle-ci proposant une salle de bains commune a l'avantage d'être très peu chère (moins de 3000 ecv la nuit avec un bon petit-déjeuner).


07/01 : A la capverdienne
Au réveil, un délicieux petit-déjeuner nous attend. Notre projet du jour était de marcher jusqu'à Passagem, petit village dans la ribeira, mais Véra étant toujours malade, nous préférons retourner à Porto Novo pour essayer de trouver un bateau pour Sao Nicolau. Ne souhaitant pas payer un aluguer 3000ecv, nous nous installons à une terrasse en attendant un aluguer collectif qui n'en coutera que 600 à nous deux. Le chauffeur de l'un d'eux finit par venir nous voir et nous dire que nous partirons à 13h. C'est donc vers 13h30 que nous partons. L'aluguer saute sur les pavés de la route longeant la côte sur 28km.
Nous nous rendons directement au port pour attendre l'ouverture des guichets à 14h30. A 17h le guichet ouvre enfin, et nous parvenons à prendre un billet pour Sao Nicolau. Après cette trépidante journée, nous allons prendre un verre au Residencial Antilhas, où nous découvrons avec plaisir qu'ils louent des chambres tout confort (sauf l'eau chaude) pour 2225ecv. Tant mieux, car il commence à être urgent de faire une lessive ; nous réservons pour deux nuits.

08/01 : Porto Novo
Après une bonne nuit, nous partons de bon matin à la recherche d'une distillerie car Santo-Antao est réputé pour son grogue (le rhum local). Sans succès jusqu'à présent, nous misons tout ici ! Dans un petit café, nous apprenons que le distillation ne commence qu'à partir du 15 janvier. C'est donc raté pour cette fois encore ! Mais on nous indique cependant une petite épicerie où nous fournir.
Nous partons déjeuner chez un italien sympathique proposant de bonnes assiettes. Véra, toujours malade, part se reposer dans la chambre. J'en profite donc pour aller me balader et tenter d'observer de plus près les montagnes qui cernent la ville.

Le panorama est d'autant plus beau que le soleil s'est enfin décidé à se montrer, bien aidé par un fort vent venu de l'océan et soufflant en continu depuis hier. La montagne, coiffée en permanence d'un gros nuage cotonneux, est magnifiée par un jeu d'ombres et de lumières qui fait ressortir le moindre de ses volumes. A quelques mètres de là, la mer offre elle aussi un très beau spectacle et Sao Vicente, en face, se dévoile enfin à notre regard. Dans un dernier effort, Véra sort de la chambre, motivée par ma description, et bien décidée à le voir de ses propres yeux avant de quitter l'île demain matin.
09/01 : En route pour Sao Nicolau
Sitôt levés, nous partons au port pour prendre le Fast Ferry direction Sao Nicolau via Sao Vicente. Première surprise, nous ne partons qu'avec 15 minutes de retard, autant dire que nous sommes à l'heure. La houle est importante et le bateau fait des bonds impressionnants, mais en seulement 30 minutes nous atteignons Mindelo. Arrivés à l'escale, on nous demande de sortir et nous attendons un bon moment sur le quai avant qu'un employé du port ne nous informe que le ferry ne repartira pas avant demain matin en raison du mauvais temps. Nous décidons de retourner Chez Loutcha. Une fois nos affaires posées, nous partons faire un tour sur la plage où nous ne reconnaissons pas les lieux : les vent a en effet dissipé la brume, et c'est un nouveau paysage montagneux enclavant presque entièrement la baie que nous découvrons. Au large, Santo Antao se dessine.
Véra, toujours malade, nous retournons à l'hôtel nous reposer et profiter de la lista du restaurant qui est décidément très bonne. La soupe de poulet la remet d'aplomb, et c'est requinqués que nous partons nous coucher !
10/01 : La traversée
Après un petit-déjeuner rapide, nous filons au port espérant que le bateau partira bel et bien ce matin. Vers 9h30, le ferry prend enfin le large sur une mer à priori calme. Les choses se gâtent cependant au bout d'une petite heure et, comme la veille, nous subissons roulis sur roulis. Je n'ai décidément pas le pied marin alors que cet auvergnat de Loïc tient parfaitement le coup ! Autour de nous c'est un concert de vomissements qui s'ajoute à mon mal de mer...
Nous finissons enfin par arriver sains et saufs à bon port, à savoir celui de Tarrafal sur Sao Nicolau. Nous y sommes accueillis par quelques chauffeurs d'aluguers et une chaleur accablante, mais le bourg, coincé entre plage de sable d'un noir profond et montagnes pelées, semble malgré tout sympathique. Nous y prenons une chambre chez Alice pour pas cher afin de profiter du Wifi gratuit du bar du port et réserver nos trajets à venir.
Pour nous remettre de nos émotions, nous allons déjeuner dans un petit restaurant (ou plutôt la salle à manger d'une maison familiale) un poisson acheté à la criée quelques minutes plus tôt sur la plage. Difficile de faire plus frais ! Un petit tour à la nuit tombée nous permet d'assister à des séances de visionnage de football sur de petits écrans au milieu de la rue. Aujourd'hui c'est jour de match et il semble inconcevable de ne pas se réunir pour le commenter bruyamment.
Après une petite soupe, il est déjà l'heure de se coucher.
11/01 : Le souffle du Monte Gordo
C'est avec le chant des coqs que nous sommes réveillés ; il est 7h20. Nous sortons faire un petit tour en ville en attendant de prendre le petit-déjeuner et remarquons avec surprise qu'il n'y a personne dehors, ce qui contraste de façon surprenante avec la veille au soir.
Après un petit-déjeuner artisanal, nous sautons dans un aluguer où nous retrouvons Lisa et Philippe, un couple de jeunes niçois partis pour 2 ans de voyage, que nous avons croisés plusieurs fois depuis Sal. Nous nous rendons au pied du Monte Gordo et, sur la route, le paysage change soudainement passant ainsi de aride à luxuriant sans la moindre transition. Nous cherchons de suite un endroit où laisser nos sacs à dos. Nous nous renseignons alors dans une épicerie qui nous oriente vers l'épicerie voisine qui cherche à priori à diversifier ses activités. C'est ainsi que nous devenons les premiers hôtes d'une petite pension encore en cours de construction : Alcioles da Graça (ce qui nous vaut un tarif défiant toute concurrence : 1500 ecv!). Libérés de nos fardeaux (d'autant plus que le dos de Loïc commence à beaucoup le faire souffrir), nous partons donc à l'assaut du Monte Gordo. Nous nous couvrons bien car il fait froid dans ces montagnes ; les habitants ont l'air de nous dire que c'est particulièrement le cas en ce moment.
Après un petit repas frugal, nous partons nous promener dans le village. C'est ainsi que nous arrivons sur la place de l'église, accrochée à la montagne, au moment où tous les villageois endimanchés sortent de la messe.
À notre retour, notre hôte nous allume la télévision montrant des images de grandes manifestations à Paris. Et c'est ainsi que nous découvrons que la capitale a été le théâtre d'attentats terroristes visant le journal Charlie Hebdo...
La route pavée monte raide (300m de dénivelé sur 1,5km) au milieu de champs de cannes à sucre. C'est d'ailleurs la période de la moisson, et les travailleurs chargent d'énormes bottes sur un aluguer garé en équilibre sur la pente. Nous suivons la piste jusqu'à un grand escalier dont l'extrémité se perd dans les nuages. Le vent souffle fort et nous voyons les masses de brouillard filer sur la montagne à une vitesse vertigineuse. En haut des escaliers nous quittons l'abri des arbres et continuons sur un sentier en lacets dans un décor aride. À présent à découverts, nous subissons de plein fouet des rafales de vent mêlé de brume d'une extrême violence, et nous nous accrochons l'un à l'autre pour ne pas nous faire emporter (d'autant plus que le bord de la falaise est tout proche, de part et d'autre du sentier). Là-haut, le spectacle du brouillard nous prive du panorama ; nous ne pourrons voir l'ensemble de l'archipel. Nous aurons mis 1h30 pour monter mais avons tout de même apprécié l'aventure.
Nous redescendons au pied de l'escalier et continuons le sentier s'enfonçant dans une magnifique forêt tropicale. Le chemin, parsemé de fleurs, longe des cratères verdoyants et de petites ribeiras.



12/01 : Marche dans le nord de l'île
Nous continuons notre route vers Vila da Ribeira Brava dont nous foulons les pavés vers 10h20. Une ambiance particulière se dégage ici, on y ressent une certaine sérénité, les rues sont calmes, fleuries et propres, et les maisons très colorées. Ça et là, on trouve de tranquilles petites places ombragées, ainsi que la chaleureuse place de l'église où se concentrent tous les aluguers. Une petite rue mène au petit marché municipal où nous achetons quelques provisions. Ce petit air de ville coloniale, isolée dans les montagnes, nous donne l'impression de remonter le temps. Il est cependant difficile de trouver un restaurant approvisionné, et c'est l'estomac dans les talons que nous repartons 2h plus tard.
En arrivant aux abords de Carvoeiros, 1h40 plus tard, quelques terres cultivées et des maisons traditionnelles rendent le paysage plus doux. Nous traversons la ville, où quelques hommes creusent une tombe dans le cimetière à la sortie de la ville. Nous retombons alors sur une route traversant un paysage vierge où nous ne rencontrons que quelques chèvres ci-et-là.
Tout à coup nous quittons la route goudronnée et tournons sur un chemin pavé en direction de Estancia Bras et filons droit vers la côte. Il nous aura fallu 1h. Nous traversons alors le vieux village plein de charme et continuons sur un petit chemin côtier. Au loin apparaît alors, accroché à la falaise, le petit village de Ribeira Funda. À ses pieds, les vagues s'écrasent contre les rochers et un petit chemin pavé escalade jusqu'à lui depuis une plage de gros galets noirs. Mais pour l'atteindre il nous faut entamer l'ascension d'une falaise dans des lacets aigus et raides. Arrivés au sommet, quelle n'est pas notre surprise de découvrir le spectacle fantomatique d'un village abandonné au fond de la ribeira. En y regardant de plus près, nous constatons que seules 3 ou 4 maisons accrochées à la falaise semblent toujours habitées. D'ailleurs nous voyons sur la plage un homme pêcher des coquillages tandis que sa mule l'attend en broutant sur le chemin.
Nous suivons le chemin qui descend dans la ribeira ; il semble encore plus abrupte que le précédent. Nous marchons dans les débris de cet ancien village pour atteindre le chemin menant aux maisons suspendues. Peut être aurions nous dû passer par la plage car ce chemin est totalement abandonné et d'importantes chutes de pierres ont rendu certains passages difficiles. Après une dernière ascension, nous atteignons une première maison dont la porte bat au vent. Cela fait 1h30 que nous avons quitté Estancia Bras.
Le chemin devient alors chaotique. Nous longeons l'intérieur de la ribeira et le chemin se transforme vite en un petit sentier envahi par la végétation puis en petits goulets sommairement aménagés pour le passage des hommes et des mules, sans jamais cesser de grimper. Le chemin jusqu'au bout de la ribeira nous semble interminable, et l'absence de vies humaines nous inquiète.
De rares vaches et chèvres, attachées par de courtes longes semblent pourtant indiquer de proches habitations. Mais les premières maisons que nous croisons, à priori le village de Testa, sont complètement abandonnées. Il nous faudra plus de 2h pour atteindre Covoada ; il est alors 18h20 et la nuit menace de tomber. Le village est perdu au fond d'une vallée enclavée à l'accès très difficile.
Notre arrivée fait rire les groupes d'enfants qui n'ont vraisemblablement pas l'habitude de voir des étrangers. Il nous reste une dernière montagne à gravir avant d'atteindre Cachaço. Mais celle-ci nous coupe littéralement le souffle et les jambes, et quand nous arrivons au sommet de la crête, la nuit est définitivement tombée.
Nous mangeons une orange pour nous remettre de nos émotions et voyons, à nos pieds, briller les lumières de Fajà de Baixo au nord et de Cachaço au sud. Nous entamons le descente à la lueur d'une lampe de poche en tâchant de ne pas glisser sur les pavés. L'obscurité nous fait rater le chemin le plus direct, et nous atterrissons ainsi à Fajà de Baixo.
Nous frappons à une porte et une jeune fille, surprise de nous voir mais souriante, nous mêne à la route goudronnée rejoignant Cachaço. Nous marchons encore une bonne demie heure avant de pouvoir arrêter un aluguer. Il faut encore 15 minutes de montée avant d'être déposés au pied de notre petite pension. Il est alors 20h10. Après une bonne séance d'étirements et une douche bien méritée, nous sombrons dans un sommeil profond.




Après un petit-déjeuner composé de thon et de sardines, nous préparons nos affaires pour une journée de marche. Nous partons à 8h45 direction la capitale de l'île : Vila da Ribeira Brava. La route commence par une grande descente en lacets serrés, longée par une immense muraille créée par une énorme remontée de roche. À 9h30, nous atteignons Agua das Patas où une odeur de caramel et de torréfaction nous interpelle. Nous voyons alors un paysan et son fils s'affairer avec la canne à sucre. Il semblerait qu'ils brûlent des restes de cannes séchées afin de faire bouillir le jus de celle-ci pour la production de grogue. Le petit village, quant à lui, apparaît très rural et vert, tourné essentiellement vers la production de cannes à sucre et de maïs. Quelques maisons modernes semblent très cossues.
Nous empruntons alors une route sans grand intérêt dans un paysage aride où seuls quelques points de vue sur la côte égaient un peu la ballade.
Un vieil homme apparaît alors et nous salue gaiement, visiblement ravi de voir de nouveaux visages. Il tente d'engager la conversation mais notre mauvaise maîtrise de la langue rend la chose difficile. Il s'assoit alors sur le perron nous regardant nous éloigner ; et c'est avec tristesse que nous tournons le dos à ce village destiné à disparaître.
13/01 : Jour férié à Vila da Ribeira Brava
C'est après une sieste réparatrice que nous nous réveillons sans dommage physique. Le programme de la journée n'étant pas encore défini, nous décidons de prendre notre temps ce matin. Après un rapide petit-déjeuner, nous rejoignons Vila da Ribeira Brava en ayant dans l'idée de louer une voiture et parcourir ainsi le reste de l'île, très peu voire pas du tout desservi par les aluguers.
À notre arrivée, il est midi passé et nous décidons d'attendre la réouverture des magasins devant un plat de poisson au bar Belinda. À 15h30 nous commençons à nous étonner de ne voir rouvrir que les boutiques tenues par des chinois ; et un homme finit par nous apprendre qu'aujourd'hui est un jour férié. Voilà donc tous nos plans qui tombent à l'eau !
Nous décidons donc de poser nos affaires à la pension Santo Antonio (derrière la bibliothèque) afin de régler tout cela à la première heure demain matin. En attendant, nous nous ennuyons fortement car Vila, un jour férié, n'est pas une ville très vivante...
Nous profitons donc de la Wifi de l'hôtel pour nous renseigner sur les événements parisiens et une information que nous avions captée à la radio concernant le naufrage d'un bateau entre Praia et Fogo la veille de notre départ de Santo Antao. Nous comprenons mieux pourquoi nous nous étions retrouvés bloqués à Mindelo...

14/01 : Fuite de Ribeira Brava
Malgré une chambre quelque peu surévaluée, nous sommes agréablement surpris par la qualité et la diversité du petit-déjeuner proposé par la pension.
Comme prévu nous partons aussitôt après à l'agence de location de voitures où nous réussissons à obtenir un véhicule pour trois jours dans la fourchette basse des prix que nous nous étions autorisés à payer. Il nous faut cependant attendre jusqu'à 15h pour récupérer la voiture, et, bien qu'agréable, Ribeira Brava est une ville où l'on s'ennuie vite. Nous profitons de ce temps de latence pour nous informer sur l'activité volcanique de l'île de Fogo car nous entendons depuis plusieurs jours qu'il y a des problèmes sur l'île. Nous apprenons alors que le volcan est en éruption depuis le 14 novembre 2014 et que deux villes ont été évacuées et touchées par des coulées de lave. Cette activité volcanique semble alors expliquer l'omniprésence des brumes, la mer agitée...
Vers 16h nous quittons enfin Ribeira Brava au volant d'un énorme 4x4 pickup de tourisme. Nous partons vers l'ouest de l'île en direction de Praia Branca qui, mis à part un bel environnement de montagnes acérées, ne présente que peu d'intérêt.
Nous continuons un petit peu plus loin vers Ribeira da Prata mais, malheureusement, la nuit tombante nous empêche d'admirer la beauté du paysage. Nous nous rendons dans l'épicerie du village où nous sommes accueillis par la lumière blafarde d'une lampe torche. Nous retournons vers Tarrafal nous installer sur une plage calme et abritée. Après un repas feu de camp au son de l'harmonica, nous profitons d'un ciel dégagé pour regarder les étoiles tout en nous endormant.
15/01 : La canne à sucre
Nous arrivons à Preguiça (non sans avoir enchaîné l'accueil d'auto-stoppeurs dans notre véhicule : nous en aurons eu 7 à la fin de la journée!). Il s'agit de l'ancien port de l'île, et partout subsistent des traces de ce passé glorieux. Aujourd'hui humble village de pêcheurs, nous avons pu voir ceux-ci revenir de leur tournée quotidienne et vendre leur butin sur la plage.
Nous continuons notre périple vers l'est de l'île sans nous arrêter à Belem, qui est très vilain. Nous faisons un rapide arrêt à Juncalinho. Nous ressentons tous les deux une étrange ambiance malsaine et nous nous empressons de repartir. Nous continuons donc en direction du petit port de Carriçal, terminus d'une route plus que chaotique dans les montagnes. Ce petit port se situe sur un pan de côte parfaitement tranquille. Poules, chèvres et chiens déambules dans les rues ; ici et là, adultes et enfants jouent ensembles. Le village surplombe une petite plage de sable noir totalement protégée de la moindre vague. Juste derrière elle, un oasis de mimosas et de palmiers semble couler de la ribeira pourtant aride.
Nous repartons chercher un endroit où dormir pour la nuit. Partout le relief et la présence d'énormes cailloux nous poussent à chercher plus loin, et c'est finalement non loin de Belem que nous finissons par installer notre tente. Le vent souffle fort (nous devons nous y reprendre plusieurs fois pour allumer un feu digne de ce nom) et les vagues sont puissantes et bruyantes mais nous espérons que cela ne perturbera pas notre sommeil.

Nous nous réveillons au petit matin dans la voiture et nous partons immédiatement à Ribeira da Prata qui nous semblait joli.
En arrivant nous apprécions en effet le charme de ce petit village niché entre ces grandes montagnes et son église atypique. Un bruit de moteur ronronne dans la vallée : il s'agit d'un trapiche en action que nous nous empressons d'aller voir. Un groupe de travailleurs contemple deux des leurs s'affairant autour du trapiche ; ils nous saluent.
En continuant notre visite, nous tombons sur un second groupe de trois hommes. Ils nous apostrophent gaiement et nous offrent spontanément une immense canne à sucre. Devant notre enthousiasme et notre incrédulité, ils nous montrent comment la débiter et l'éplucher. C'est donc en mâchouillant que nous repartons et nous constatons qu'aujourd'hui, ici tout le monde a le droit à sa canne à sucre : hommes, femmes, enfants et même les animaux qui se régalent des fibres de cannes asséchées.
Sur la route de Preguiça, nous faisons un rapide arrêt courses à Tarrafal, et quelle n'est pas notre surprise de voir que le propriétaire du magasin n'est autre que notre hôte de Cachaço.




16/01 : Journée test
Le soleil chauffe fort et de petites niches dans les rochers permettent de s'abriter du vent. Les conditions pour tester notre four solaire artisanal sont enfin réunies ! Nous mettons de l'eau de mer à chauffer à 13h et constatons qu'elle a du atteindre une bonne soixantaine de degrés 1h plus tard. C'est une réussite ! Mais nous ne pouvons pas continuer l'expérience car nous commençons nous-même à cuire sous le soleil plus vite que l'eau ne chauffe ! Nous partons nous réfugier à l'ombre d'un bar de Tarrafal. Vers 15h30 le soleil se fait plus doux et nous retournons sur la plage calme d'avant hier tester notre kit de pêche. Malheureusement, entre le bougnat et la parigote, nous n'avons que peu de prédispositions pour la chose ; et c'est bredouilles que nous allumons un feu... pour faire cuire des pâtes. Nous verrons plus tard pour le poisson grillé.

Nous nous réveillons tôt sous un ciel couvert. Ayant déjà fait entièrement le tour de l'île, nous n'avons pas grand chose à faire et décidons de flâner. Nous partons contempler la faune marine qui se niche dans les rochers, puis nous repartons vers les environs de Tarrafal explorer un bout de côte que nous ne connaissons pas et accessible uniquement par une piste cahotante et dissimulée. La mer y est très calme et le ciel parfaitement dégagé.
17/01 : Un vol pour Praia
C'est notre dernière matinée à Sao Nicolau. Nous petit-déjeunons légèrement, empaquetons nos affaires et appelons le loueur de voitures pour confirmer le rendez-vous. Celui-ci, surpris de notre coup de fil, avait visiblement oublié ce dont nous avions convenu. Nous devons donc partir précipitamment à Ribeira Brava afin de le retrouver avant qu'il ne parte. C'est donc à midi que nous nous retrouvons à l'aéroport tandis que notre avion décolle à 16h30. Au moins, nous ne devrions pas le rater...
L'aéroport étant fermé, nous attendons dehors en plein vent, tandis que le personnel installe et rebranche jusqu'au plus petit appareil de cuisine. À peine le temps de jouer un petit air d'harmonica que la foule se presse déjà dans le petit aérodrome recouvert de bâches qui a enfin ouvert ses portes. Quand l'avion atterrit sur le tarmac, une frénésie s’empare de tous les cap-verdiens qui se précipitent aux grilles pour le voir rouler sur la piste.
Vingt-cinq minutes de vol plus tard, nous nous retrouvons à nouveau à attendre dans notre aéroport d'escale : Sal. Tiens tiens... cela nous rappelle quelque chose. Nous décollons avec 1h de retard pour 40 minutes de vol, et à notre arrivée à Praia, nous sommes assaillis par les chauffeurs de taxi. Un homme nous arrache nos valises pour les fourrer dans un coffre puis nous réclame de l'argent en brandissant un badge de bagagiste. Nous sommes immédiatement mis dans l'ambiance.
Nous parvenons à atteindre le Residencial Sol Atlantico situé sur le Plateau (centre historique de Praia), au 13 av. Amilcar Cabral. Aucune enseigne n'indique que cet établissement se trouve en haut des escaliers de cet immeuble. Après avoir investi notre chambre (4440 ecv / nuit petit-déjeuner compris), nous partons croquer un morceau en face, sur l'esplanade, avant de nous coucher.
18/01 : Dans la capitale
Premier réveil à la capitale. Le petit-déjeuner de l'hôtel est décevant. Nous visitons la ville qui est bien calme : c'est dimanche. Nous nous rendons sur le front de mer et poussons jusqu'au phare balayé par les vents. Nous retournons sur le Plateau pour déambuler dans les rues et faisons une pause dans un café. À 13h nous nous rendons au restaurant Panorama qui offre une vue sur les toits de Praia d'un côté et sur le port de l'autre, et qui propose, le dimanche, un buffet varié et bon pour 1000 ecv /pers.
Nous allons au port pour nous renseigner sur notre bateau pour Fogo. Sur le retour nous croisons quelqu'un qui nous conseille de plutôt prendre un taxi car cette route n'est pas sûre. De plus, c'était inutile car l'agence maritime se trouve sur le Plateau... Le soir arrivant, nous trainons autours de la place Albuquerque et trouvons un glacier Avenida de Julho, le Nhamii, proposant des glaces maisons de la boule au cornet et des jus de fruits frais mixés sous nos yeux. Cela nous fait le plus grand bien car nous cherchons à manger des fruits autres que bananes et papayes depuis un moment.

19/01 : Rua da Banana
Nous commençons la journée en cherchant l'agence Fast Ferry (à côté de l'hôtel Felicidade sur le Plateau) et cherchons un loueur de voitures, mais ici, il vaut mieux réserver à l'avance car toutes les voitures sont prises (3 échecs en autant de tentatives). Nous partons donc à Cidade Velha en taxi (1000 ecv). La route passe par un désert sans intérêt. En revanche, en arrivant à Cidade Velha, nous sommes charmés par le calme et l'authenticité de ce petit village rustique (désormais classé à l'UNESCO). Ayant vu ici de nombreux petits hôtels et pensions, nous nous disons que nous aurions mieux fait de venir ici directement, et de ne faire qu'une rapide excursion à Praia.
Nous nous arrêtons au restaurant Pelourinho, petite paillote sur la plage, où nous pouvons choisir notre poisson et le déguster à l'ombre, les pieds presque dans l'eau. L'accueil y est très bon et le serveur parle très bien anglais. Le gérant nous propose même de nous garder nos affaires le temps d'une ballade.
De jeunes cap-verdiens traversent la terrasse avec leurs prises pour les vendre au restaurant et ainsi se faire un peu d'argent de poche. Nous nous sentons bien, et décidons de rester pour la soirée. Nous demandons alors au serveur où dormir pour pas cher. Il part se renseigner, rameutant ainsi 2 ou 3 personnes. Une jeune fille nous emmène dans la Rua da Banana (la plus vieille rue de la ville et la plus authentique) où un modeste papier collé sur une porte indique que le propriétaire des lieux loue des chambres. Nous sommes donc introduits dans une charmante maison traditionnelle au toit de palmier tressé et s'ouvrant sur une cour intérieure. Nous prenons possession des lieux sans même avoir fait connaissance avec notre hôte absent ! Nous partons découvrir le village : la cathédrale en ruine (la seule du Cap-Vert), la ribeira, un étrange bâtiment délabré dominant l'océan, … Le soir tombé, nous nous installons au Tereru di Kultura pour prendre un apéro. La vision et l'odeur des poissons et légumes grillés au feu de bois éveillent notre appétit (notons qu'il est sans doute plus intéressant de commander son repas à l'avance pour avoir plus de choix). Après un très bon repas (poisson et poulpe grillés), quoique un peu cher, nous rentrons dans notre chambre où nous découvrons un gros gecko sur le mur. Nous percevons des chants. Curieux, nous ressortons pour trouver leur origine. Nous nous retrouvons ainsi devant l'église où une chorale répète pour demain, jour de la Démocratie.



20/01 : Fraîcheur phréatique !
La nuit fut longue : chiens hurlant à la mort, coqs chantant l'aube en pleine nuit, oiseaux piaillant allégrement... Mais c'est finalement au son des pétards et trompettes que nous sommes réveillés à 7h30 : ici les héros de la nation se fêtent tôt ! Nous nous levons donc précipitamment pour assister au défilé. Une colonne de militaires, avec cuivres et tambours, sillonne les rues du village avant de se fixer sur la place de la mairie où nous assistons à un levé de drapeaux plus que cafouilleux !
De retour dans notre chambre, nous faisons enfin connaissance avec le propriétaire, Joseph, qui est ravi de discuter avec nous. Il maîtrise parfaitement la langue puisqu'il a grandit en France. Il nous raconte ainsi de nombreuses anecdotes sur le Cap-Vert. Nous nous quittons à regrets mais nous devons partir car nous souhaitons rejoindre Sao Domingos. Pour cela nous devons prendre un aluguer pour Praia où nous effectuons un changement. Ici, les aluguers ne partent qu'une fois bourrés à craquer, quitte à faire trois fois le tour de la ville. De plus les chauffeurs ont l'air d'appartenir à une sorte de mafia et cette ambiance nous met grandement mal à l'aise. Il nous faut 1h pour rejoindre Sao Domingos qui nous déçoit au plus haut point. Nous décidons donc de nous rendre directement à Ribeira da Barca. Nous ressautons dans un aluguer qui nous laisse à Assomada où nous prenons un autre véhicule. À 14h nous atteignons enfin notre but. Aussitôt quelqu'un nous saute dessus pour nous proposer une chambre. Nous n'apprécions que peu la méthode mais l'offre est intéressante (2500 ecv petit-déjeuner compris) et acceptons. La maîtresse de maison propose le déjeuner (poisson frais grillé) pour seulement 600 ecv/pers. Un ami du rabatteur tente de nous vendre des excursions (vers la cascade, la grotte d'Aguas Belas et « l'oasis » de Achada Leite), mais celles-ci nous semblent trop chères et nous peinons à nous en débarrasser. Le déjeuner en revanche est excellent et copieux : la maîtresse de maison prend manifestement un grand plaisir à satisfaire ses invités.
Nous rentrons à Ribeira da Barca accompagnés de Luis à qui nous offrons une bière. Celui-ci nous quitte, ravi de notre rencontre, et d'autant plus saoul, car il doit prendre un aluguer pour rentrer chez lui. Nous nous rendons alors sur la plage où nous pouvons admirer au loin Fogo baignant dans la lueur rose-orangée du soir.




À 16h, nous partons seuls vers la cascade et trouvons enfin l'eau après 30 minutes de marche dans le fond de la ribeira. C'est alors que nous faisons connaissance avec Luis, un brave bougre travaillant ici et s’apprêtant à rentrer chez lui après avoir quelque peu abusé du grogue qu'il produit. Il nous propose gentiment de nous faire visiter les lieux. Nous passons ainsi du côté de son « squat », une case en feuilles de bananiers où les travailleurs prennent leur pause (en mangeant du poisson grillé et en buvant du grogue dont la case est pleine à craquer). Nous continuons dans les plantations et grimpons légèrement dans la montagne jusqu'à atteindre la fameuse cascade à 17h10. Nous devons bien reconnaître que sans guide, il nous aurait été difficile de la trouver.

21/01 : Première baignade
Cette nuit encore a été difficile : nous devons nous battre longuement contre des moustiques voraces, d'autant plus qu'un défaut de construction ne permet pas de fermer la fenêtre. Ajoutons à cela le son démesurément élevé de la télévision des propriétaires que, heureusement, une coupure de courant vient arrêter de force vers minuit. Et pour parachever le tableau, notons l'absence totale d'eau dans la salle de bain. Bref, ceci ajouté à la mocheté de la ville, qui est une décharge géante, nous décidons de partir au plus vite. Pour conclure sur cette petite pension verte dans la rue du restaurant, nous ne conseillons absolument pas d'y dormir ; par contre, la propriétaire est une excellente cuisinière (en témoigne d'ailleurs ce petit-déjeuner composé de beignets maison que nous avons beaucoup appréciés).
Nous montons dans un aluguer pour Tarrafal. Le chauffeur est particulièrement louche : il a l'air d'avoir un peu forcé sur des drogues pour pouvoir accumuler des trajets, ce qui le rend très nerveux et brutal dans ses gestes et sa conduite. Arrivés à Tarrafal nous décidons de nous poser et de profiter enfin d'une baignade au Cap-Vert. Nous prenons une chambre au Mille Nuits (près de la place de la Mairie) où une chambre très confortable avec une salle de bain (et eau chaude) commune ne nous coûte que 2220 ecv la nuit (petit-déjeuner compris). Nous partons à la découverte de la ville et finissons par tomber sur la fameuse plage de sable blanc de Tarrafal. Celle-ci, avec ses cocotiers et son eau turquoise et calme, nous convainc définitivement de rester toute une journée. Nous profitons ainsi de l'endroit en dégustant une noix de coco, ouverte sous nos yeux en deux coups de machette, avant de remonter vers la pension où le restaurant propose une carte variée et plutôt bon marché. Une fois le déjeuner avalé, nous enfilons nos maillots de bain et nous empressons de retourner sous les cocotiers sur le sable de la plage pour goûter à la fraîcheur de l'eau.

22/01 : A la recherche du sentier perdu
Enfin une nuit reposante ! C'est en pleine forme que nous descendons donc prendre le petit-déjeuner au restaurant de la pension. Celui-ci n'a rien d'extraordinaire. Nous décidons de suivre une rando indiquée dans notre guide, menant à une plage vaste et tranquille. Le sentier part de l'extrémité droite de la plage, et nous l'entamons à 10h30. Nous finissons par quitter le couvert des arbres et découvrons une superbe vue sur Tarrafal. Peu à peu les choses se compliquent car le sentier a tendance à disparaître puis réapparaître. Nous nous retrouvons ainsi à devoir grimper dans des éboulis au point que nous nous demandons si nous ne nous sommes pas trompés de chemin !
Quelle n'est pas notre déception de voir qu'il s'agit d'une plage de cailloux. Nous qui voulions jouer aux Robinson Crusoe toute la journée, c'est raté ! Nous décidons donc de rebrousser chemin pour profiter une dernière fois de la plage de sable blanc de Tarrafal, d'autant plus qu'à cette période de l'année elle est très peu fréquentée.
Le soir venu, après s'être rincés sous un filet d'eau à la pension (ce qui semble être normal ici), nous nous rendons au restaurant Maracuja (dans la rue du Mercado Municipal, en descendant vers l'enseigne verte de la boutique de change) où nous dégustons de très bonnes caïpirinhas (les meilleures de la ville paraît-il) et de succulents plats (salade, poulpe et poissons grillés) cuisinés d'une façon totalement différente que ce dont nous avions pris l'habitude.

Nous finissons cependant par atteindre un grand plateau au surprenant paysage de steppes. Nous le traversons en contournant la petite ribeira et apercevons enfin la fameuse plage en contrebas après 2h de marche.
23/01 : L'appel du volcan
C'est notre dernier jour sur l'île de Santiago, le bateau pour Fogo part à 17h. Nous profitons donc tranquillement de la matinée, puis prenons un aluguer au Terminal de transportes publicos, la « gare routière » (dans la rue perpendiculaire à la rue de la pension, vers la poste). Nous arrivons à Praia 2h plus tard. Nous retournons alors au Nhamii pour prendre un déjeuner rapide (nous déconseillons les batiidos car le yaourt utilisé détruit le goût des fruits et semble louche).
À 15h nous sautons dans un taxi pour le port (la distance peut paraître un peu ridicule, mais on nous le recommande pour des raisons de sécurité) pour 300 ecv.
Le départ est prévu à 17h ; nous partons à 17h45. La traversée est calme et longue : nous arrivons au port de Sao Filipe à 22h30. Nous devons encore attendre un peu avant de pouvoir récupérer nos bagages laissés en soute, le temps de faire descendre les véhicules, ce qui est fastidieux. Un quart d'heure plus tard, nous prenons un taxi et lui demandons de nous conduire dans une pension du centre ville. Il nous dépose au Sea Food Restaurant / Almodo Inn Poussada, sur la place de l'église. Le gérant qui nous accueille est antipathique et parle un anglais très approximatif, mais la chambre (à 4440 ecv, petit-déjeuner compris) possède tout le confort (TV, clim, salle de bain avec eau chaude et pression) et une vue sympathique sur la plage en contrebas et sur l'église.
24/01 : Le village au-dessus des nuages
Nous sommes réveillés à 8h. Nous profitons un peu de la douche (pour une fois qu'il y en a une qui fonctionne correctement!) et descendons nous enquérir du petit-déjeuner. Celui-ci est très décevant.
Nous partons ensuite faire le tour de la ville qui est très jolie car très colorée et fleurie et présentant de belles maisons coloniales (appelées Sobrados). Cependant, tout comme à Ribeira Brava, les rues sont très esthétiques mais il n'y a rien à faire et on s'y ennuie très vite. Nous prenons donc un aluguer pour nous rendre à Sao Jorge afin de suivre une randonnée (indiquée dans notre guide) qui doit nous emmener jusque dans la Caldeira. Bien sûr, comme tout ce qui est indiqué dans notre guide, il n'y a aucune information précise sur le lieu de départ du sentier, et nous avons toutes les peines du monde à obtenir des renseignements des locaux qui ne comprennent pas que l'on ne choisisse pas la route la plus simple, et que l'on souhaite marcher. Nous finissons toutefois par obtenir l'information auprès d'un anglophone et commençons notre ascension depuis le village de Campanha de Baixo vers Campanas de Cimas, notre première étape. Nous progressons lentement sur un petit chemin serpentant à travers champs, et sommes salués par les habitants des maisons éparpillés sur le flanc de la montagne. Plus nous montons et plus nous sommes stupéfaits par la beauté de la montagne qui se dresse face à nous, et qui semble irréelle. Les jeux d'ombres et de lumières, associés aux différences de végétations, marquent ces reliefs comme sur une peinture.
Après 2h30 de marche, nous atteignons Campanas de Cimas exténués. Des femmes et des enfants se trouvent sur la terrasse de la première maison et nous leur demandons si elles peuvent remplir notre gourde d'eau, ce qu'elles font avec le sourire. Elles nous informent également que nous trouverons facilement un endroit plat près de l'église. Nous continuons donc de monter.
Nous décidons de nous renseigner à l'épicerie quant à un endroit où camper. Un vieil homme nous répond qu'ici il est possible de s'installer n'importe où sans problème. Et, alors que nous partons chercher un emplacement, le propriétaire de l'épicerie nous appelle pour nous inviter à nous installer sur le toit terrasse de sa boutique.
Une fois débarrassés de nos sacs à dos, nous nous éloignons des maisons pour pouvoir faire un feu et préparer notre dîner avec la farine et les boîtes de poissons achetées plus tôt. Nous en profitons également pour préparer des galettes pour le petit-déjeuner et des snacks au thon pour le déjeuner de demain.
De retour dans le village, et après une bière sortie du congélateur de l'épicerie, nous nous endormons à la belle étoile.


Enfin arrivés à la petite église bleue, des chants nous indiquent qu'un office s'y tient. Nous nous installons en silence sur le parvis, face à la mer, et nous retrouvons face à un panorama saisissant. À nos pieds, la montagne que nous venons de gravir plonge dans la mer dont nous ne voyons qu'une bande car, au-dessus, une couche d'épais nuages marque une frontière avec un ciel bleu zébré.
25/01 : Surprise à la clé
A notre réveil nous pouvons voir la petite église du village flottant dans les nuages cotonneux du matin.
Nous mangeons notre coriace petit-déjeuner (les galettes sont un peu compactes, d'autant plus qu'elles sont froides) mais qui a l'avantage d'être roboratif.
Aujourd'hui nous sommes dimanche, et en ce jour, toutes les femmes se ruent à l'église pour assister à la messe tandis que les hommes, eux, semblent très peu concernés par l'office.
À 9h nous reprenons la route pavée qui traverse le village en direction de l'est. Et, après seulement quelques centaines centaines de mètres, cette route se transforme en un chemin de terre serpentant le long de la montagne et à travers les ribeiras. Nous progressons ainsi dans des zones cultivées, puis, peu à peu, la nature se fait plus sauvage. Les sentiers se multiplient alors, et il nous faut demander notre chemin à plusieurs reprises auprès des rares personnes que nous croisons afin de rester sur le bon chemin. Nous continuons donc en suivant les indications sommaires fournies, et à 11h nous nous retrouvons confrontés à une ribeira particulièrement impressionnante : un immense précipice que surplombe notre sentier, qui paraît bien escarpé. Le chemin semble disparaître dans la montagne, mais de l'autre côté de la ribeira, à quelques mètres, il réapparaît. Il n'y a qu'a continuer le long du renfoncement formé par la roche et poursuivre. Nous avançons donc jusqu'en dans la boucle du lacet (qui n'était jusqu'à présent pas visible), et découvrons que le sentier est éboulé ! Il faut dire que le chemin se compose de graviers et de pierres volcanique qui ont une légère tendance à vouloir rouler sous nos pieds ; ils n'ont donc pas vraiment dû supporter l'activité volcanique de ces derniers mois.
Un replat très peu large semble se dessiner au milieu de ces éboulis. En revanche, avec nos gros sacs à dos, nous craignons de ne pas pouvoir passer dans les zones où les rochers sont en saillie. Pris de doute, nous nous arrêtons quelques instants pour étudier la situation. Après réflexion, nous décidons de tester la stabilité du replat, sans nos sacs. Il faut dire qu'à cet instant nous sommes persuadés, en examinant la carte très peu précise de notre fameux guide, que la route menant à la Caldeira se trouve quelques lacets plus loin. L'idée de faire demi-tour – et donc de devoir repartir jusqu'à Campanas de Cimas – ne nous enchante guère.
Nous parvenons à surmonter l'obstacle « à vide » et, ayant bien tâté le terrain, nous refaisons le chemin à nouveau chargés de nos sacs à dos. Nous progressons cependant lentement, en assurant nos pas, et Véra se force à ne pas regarder le fond du précipice. L'obstacle désormais franchit, nous continuons comme si de rien était.
Plus nous progressons sur le sentier et plus l'habitat se fait rare. Il faut attendre 13h pour voir enfin deux hommes – des bergers – après avoir marché 2h sans voir âmes qui vivent. Nous ne le savons pas encore mais elles seront les dernières personnes que nous verrons aujourd'hui...
Le paysage change soudainement et nous nous enfonçons désormais dans une forêt. Nous sommes alors étonnés de voir de nombreux arbres calcinés sans qu'il n'y ait l'air d'y avoir eu un incendie (la végétation est présente partout et verte). En revanche, la route attendue, vers la Caldeira, n'est toujours pas visible, et le sentier est de moins en moins bien entretenu. Il nous faut ainsi éviter de gros obstacles tombés sur le chemin, en grimpant sur des troncs ou rampant dans de petits espaces.
La journée avance et les réserves d'eau s'amenuisent (d'autant plus vite qu'il fait chaud). Vers 17h nous commençons même à craindre de devoir camper au milieu de la forêt avec seulement 0,5L d'eau pour nous deux. C'est alors qu'à 17h30, nous apercevons une auge munie d'un tuyau d'évacuation, ce qui laisse penser qu'il s'agit d'un probable impluvium. Nous ne nous emballons pas car ceux-ci sont généralement à sec. En nous approchant pour vérifier, nous voyons qu'une énorme cavité a été creusée dans la roche, et, alors que nous constatons que le bac est bel-et-bien vide, nous percevons un timide « ploc » émanant de la grotte. Surexcités, nous nous précipitons à l'intérieur et découvrons avec joie une petite volée d'escaliers menant à un bassin rempli d'un bon mètre d'eau alimenté par les infiltrations de la paroi : en un mot, une source !
Nous plongeons avidement nos gourdes dans l'eau fraîche et buvons avec plaisir.
À quelques mètres de là, une zone dégagée et plane semble être l'endroit idéal pour y installer une tente. Devant ce qui paraît être un petit paradis à nos yeux et à cet instant, nous décidons, soulagés, de rester pour la nuit qui arrive. Nous allumons donc un feu et, ayant vu un chaudron cabossé abandonné peu de temps avant sur la route, nous faisons chauffer l'eau pour profiter d'un brin de toilette. Nous préparons également notre dîner et le repas du lendemain avant de nous effondrer repus et satisfaits.


26/01 : La route continue...
La nuit fut bonne et réparatrice mais le réveil nous rappelle à la réalité : il nous faut trouver cette fameuse route qui mène à la Caldeira !
Une fine pluie retarde quelque peu le repliage de la tente mais elle est de courte durée, et nous partons peu avant 10h après avoir rempli une dernière fois nos gourdes de cette eau providentielle.
Nous continuons donc de progresser dans la forêt, traversant ribeira après ribeira. À certains endroit, le chemin semble mieux entretenu, mais de nombreuses sections nous confirment que cela n'est pas le cas et il nous faut alors nous frayer un chemin dans une véritable jungle.
À 10h30, nous sommes à nouveau confrontés à un obstacle d'importance : la route a complètement disparu dans un éboulement de la paroi formant une coulée de pierres et de terre instable.
Nous posons nos sacs et Loïc passe pour tester le terrain. Le passage est vraiment très instable – les scories de lave roulent sous les pieds, glissent le long de la pente et entraînent avec elles d'autres pierres ; la paroi, quant à elle, est complètement branlante, il n'est pas possible de prendre appui dessus au risque de créer de nouveaux éboulements – et il me confirme que nous ne passerons pas avec nos sacs sur le dos. Nous nous organisons donc : avec notre paracorde, j'attache nos gros sacs à dos délestés des éléments les plus fragiles, et lance l'autre bout de la corde, lesté d'un cailloux, à Loïc resté de l'autre côté. Je traverse alors avec les petits sacs à dos. Nous tirons sur la corde pour faire traverser nos sacs, mais ceux-ci se prennent dans les pierres saillantes et Loïc doit s'aventurer dans l'éboulis pour les décoincer.
Il nous faudra une bonne demi-heure pour traverser cet éboulis sans trop de dommages matériels.
Nous continuons sur le chemin mais sommes inquiets car la route que nous devons atteindre n'arrive toujours pas et il est impossible de voir l'environnement qui nous entoure tant la végétation est dense. Il n'y a donc aucun moyen de savoir si elle est toute proche ou s'il faut encore compter 4 jours de marche. De plus, nous commençons à craindre qu'un trop gros obstacle ne nous oblige à rebrousser chemin, ce qui signifierait ré-affronter les précédents. Enfin, la nourriture est quasiment épuisée et la forêt ne semble rien avoir à offrir de comestible.
Il doit être environ midi quand nous arrivons à une intersection : un chemin monte et le second descend. Le chemin montant est sans doute celui que nous cherchons depuis 2 jours maintenant, mais rien ne nous l'assure. Dans le doute, et devant l’imprécision de notre carte, nous décidons de descendre en quête de civilisation. Trente minutes plus tard nous croisons une première vache et retrouvons un chemin de terre serpentant dans les champs ; des agriculteurs y travaillent : nous sommes soulagés, cela faisait 23h que nous n'avions vu personne !
La descente est très raide, longue et très glissante (nous ne manquons pas de tomber à plusieurs reprises). Mais nous avons le plaisir de progresser à travers des plantations de fèves, de caféiers et de grands bananiers. Et, quand nous passons à côté d'un champ, et que la végétation se fait moins haute, nous pouvons nous régaler d'une vue enchanteresse sur l'île de Brava qui semble voler au-dessus des nuages.
Il nous faudra environ 4h pour retrouver une route pavée et le petit village de Feijoal, dominant Mosteiros. Nous sommes soulagés : ce soir c'est sûr, nous aurons de l'eau et à manger sans problème.
Mais avant de penser au confort, il nous faut encore descendre jusqu'à cette ville.
Les hauteurs de Mosteiros sont très vertes, avec une omniprésence d'immenses bananiers, de caféiers et d'arbres tous genres. Le cadre y est plutôt agréable. Mais, plus bas, la route pavée nous fait traverser un imbroglio de constructions anarchiques et laides avant d'arriver enfin au « coeur » de ville, le quartier Vila de Igleja.
Sales et épuisés, nous ne prenons pas le temps de visiter, et filons directement à la pension Christine (3500 ecv / nuit, petit-déjeuner compris) située dans ce quartier, et nous installons sur la terrasse, pressés de prendre un bon dîner. Et nous ne sommes pas déçus : le poisson, cuisiné en beignet, est délicieux et accompagné d'une abondance de patates douces frites, de légumes, de fèves et de riz. Nous mangeons avec délectation ce bon repas bien mérité. Et, en plus du délicieux repas, l'accueil ici est tellement chaleureux que nous nous y sentons bien.

27/01 : Au pied du volcan !
La nuit a été bonne et réparatrice. Étant donné que nous avons très bien mangé hier soir, nous nous attendons au meilleur pour le petit-déjeuner et nous ne sommes pas déçus : il est délicieux, varié et copieux – au menu, fromage frais de chèvres ayant gambadé dans les fleurs de la montagne, pâte de goyave savoureuse, gouda, beurre, thé vert bio (pour ceux qui ne boivent pas de café) et, pour couronner le tout, œufs à la cuisson sur commande et surtout jus de goyave fraîchement mixée !
Repus, nous partons visiter la ville et cherchons un marché pour trouver nos derniers cadeaux, sans succès. De retour chez Christine, nous demandons donc où trouver du café de Fogo et découvrons ainsi qu'elle en produit elle-même. Nous lui achetons donc du café ultra frais (torréfié 2 jours auparavant). Nous lui demandons également si nous pouvons nous rendre dans la Caldeira sans risque. Elle envoie alors quelqu'un se renseigner pour nous au poste de police, mais nous dit que dans tout les cas, il ne sera pas possible d'y dormir ni même de descendre dans le fond de la Caldeira (elle-même n'a pas pu revoir son village depuis le début de l'éruption).
Nous ne nous lassons pas de contempler ce paysage, malheureusement, une voiture de police surgit, quitte la route et s'enfonce plus bas dans la Caldeira. Notre chauffeur nous dit qu'il faut partir car il a peur de s'attirer des ennuis. Nous repartons donc et rentrons à la pension émerveillés et soulagés d'avoir pu voir cela avant de partir.
Nous nous réinstallons sur la terrasse pour dîner. C'est toujours aussi bon et encore plus abondant que la veille. Et malgré tous nos efforts, nous ne parvenons pas à finir tous les plats.
Dans cette pension, on se sent rapidement adopté : dès qu'un nouveau membre de la famille arrive, nous sommes présentés et nous nous embrassons ! Il faut dire que la gérante (qui a nommé la pension du prénom de sa fille aînée) nous fait vite nous sentir chez nous, et comme elle parle bien anglais (malgré un accent à couper au couteau), et qu'elle est redoutablement bavarde, elle nous raconte toute l'épopée de sa petite famille éparpillée aux quatre coins de la planète.
Nous retournons boire un verre à la pension où on nous offre gentiment des beignets au thon. Ils sont excellents mais nous les mangeons un peu par politesse tant nous avons dîné. Mais, ayant fini l'assiette, on nous en rapporte aussitôt ! Moralité, ici mieux vaut ne pas finir son plat si on ne veut pas en voir surgir deux fois plus.
Finalement l'officier de police dit qu'il faut se rendre sur les lieux pour voir sur place si on peut rentrer dans la Caldeira. Nous partons alors avec la camionnette de la pension, conduite par l'un des fils de la gérante. La route est longue et surprenante : nous traversons des villages construits dans les coulées de lave et ça et là des écrins de verdures tranchent avec la noirceur de la roche.
Tout au long de la route, le Pico domine et semble nous appeler. Il ressort d'autant plus qu'il est noir et vierge de toute végétation tandis qu'à ses pieds, le reste de la montagne se couvre de verdure. De ce côté de l'île nous pouvons enfin « ressentir » le volcanisme qui l'a créée.
À partir de Cova Figeira, la route passe devant plusieurs cratères secondaires très bien conservés et auxquels s'accrochent plusieurs maisons.
Après 1h15 de trajet, nous entrons enfin dans la boca. Deux barrières se dressent sur la route, mais aucun policier n'est présent. Notre chauffeur décide alors de passer les barrières et d'avancer plus loin sur la route s'enfonçant dans le cratère. Nous sommes saisis par la beauté froide de ce paysage infernal et grandiose. La puissance du volcan se révèle pleinement. Au pied du Pico, un cratère secondaire crache encore de la fumée en continu. Au milieu de la route, un dispositif (probablement destiné à étudier l'activité volcanique) nous oblige à nous garer. Une centaine de mètres plus loin, c'est une énorme coulée de lave qui, cette fois, coupe la route – probablement l'une des 3 coulées ayant détruit les villages de Portela et de Bangaeira, et provoquée la fuite des habitants. Régulièrement, un souffle chaud se mêle au vent frais, apportant avec lui une subtile odeur de soufre.


Le ventre plein, nous partons faire une ballade digestive sur le bord de mer et dans la ville. Il règne ici une étrange dualité : malgré la joie de vivre des habitants, et les jolies places fleuries, on peut sentir le désœuvrement croissant. La décrépitude de la ville saute soudainement aux yeux quand on voit l'église (qui aurait pu être belle) : c'est une véritable église dans son plan, avec un vaste parvis dominant la mer, mais elle est construite en parpaings et tombe en ruine alors que la construction n'est pas terminée. C'est un spectacle d'une grande tristesse.
Le marché municipal quant à lui, est abandonné et condamné par des planches.
28/01 : Un peu plus de Sao Felipe
Ce matin encore le petit-déjeuner est copieux et de bonne qualité.
Nous préparons nos affaires pour retourner à Sao Filipe et allons payer notre séjour. La facture est un peu salée mais il faut dire que nous nous sommes fait plaisir ; entre le prix de la chambre (3500 ecv / nuit), les repas à 800 ecv / pers., les boissons, l'excursion au Pico (5000 ecv, ce qui peut paraître cher, mais c'est le même prix en taxi et nous n'aurions pas franchi les barrières et pu aller au plus près du volcan en activité comme en témoigne le visage déconfit de 2 touristes quittant la Caldeira en taxi que nous avons croisé sur la route) et 1,5 kg de café (1500 ecv).
Les aluguers en collectif ne sont pas nombreux dans cette ville, mais, par chance, nous pouvons en attraper un vers 10h30 et atteindre Atalaia où nous prenons un autre véhicule pour Sao Filipe. Prix de la course pour 2 personnes : 700 ecv, ce qui est tout de même plus intéressant que les 5000 ecv demandés par les chauffeurs de taxi !
Nous prenons une chambre dans un hôtel tout neuf, le Girassol (situé dans les hauteurs de la ville, en face du gros hôtel 4 étoiles Le Xaguate), où, pour 3000 ecv, nous avons une jolie chambre propre avec salle-de-bain à part (comptez 3500 ecv pour une chambre avec salle-de-bain privée, TV et climatisation). Le petit-déjeuner est compris dans le tarif mais nous n'en profiterons pas car nous devrons partir à 6h pour prendre l'avion. Ce n'est pas un problème pour la gérante (qui parle très bien français et anglais) puisqu'elle nous propose quelques fruits pour que nous ne partions pas le ventre vide et de nous trouver un taxi pour l'aéroport.
Nous divaguons dans la ville et faisons un saut au marché dans l'espoir d'y trouver de la canne à sucre pour faire goûter cet étrange chewing-gum à nos familles. Sans succès.
Nous partons visiter le musée (100 ecv / pers.) qui promet d'être très intéressant, mais malheureusement, toutes les explications sont en portugais. Cela a cependant l'avantage de nous faire entrer dans une case traditionnelle et de pouvoir visiter l'intérieur d'un sobrado.
Nous partons ensuite boire un verre a Las Vegas, bar qui semble agréable et ombragé mais qui n'a rien de ce qui est proposé sur leur carte, et leur choix de boissons est bien maigre !
Nous espérons voir le coucher de soleil mais le ciel est beaucoup trop voilé. Nous nous contentons donc d'une petite ballade sur la grande plage de sable noir. De toute façon il nous faut rentrer tôt pour organiser nos valises (et caser toutes les bouteilles de grogue et de ponche!) car notre avion est tôt demain matin !
À l'hôtel, nous croisons la gérante qui nous donne une papaye et nous annonce que notre taxi nous attendra à 6h20 demain. C'est un souci en moins !


Nous partons dîner au Pipi's (à côté du Colonial Guest House, dans la rue à barrière bleue dominant le bas de la ville) où nous commandons des cocktails de fruits et des plats d'Afrique continentale (maffé de poisson et Yassa de poulet). Le cadre est très agréable : la vue sur la rue et la mer est très belle et la terrasse très fleurie. Et la nourriture y est très bonne.
29/01 : Conclusion
C'est aujourd'hui notre dernier jour au Cap-Vert ; le voyage se termine !
Nous nous réveillons tôt et mangeons notre petit-déjeuner frugal.
À 6h20, notre taxi nous attends comme convenu et, 10 minutes plus tard, nous sommes à l'aérodrome. Malgré un peu de retard au départ, nos 2 vols s'enchaînent rapidement, et en un clin d'oeil nous revoilà à Sal.
Pour 440 ecv, nous laissons nos bagages à la consigne de l'aéroport. Nous faisons un petit tour à Espargos, mais cette ville n'a vraiment aucun intérêt pour nous. Nous grimpons donc dans un aluguer pour Palmeira car c'est là-bas que nous nous sentions le mieux sur cette île. En arrivant nous sommes surpris de voir de nombreuses boutiques souvenir ouvertes, des femmes vendant des aliments sur le trottoir... rendant ainsi la petite ville beaucoup plus vivante que lors de notre dernier passage. Nous en profitons donc pour acheter un joli jeu d'Oril – car nous avons vu de nombreuses personnes y jouer à Sao Nicolau et Fogo, ce qui nous a donné envie de découvrir ce jeu. De plus cela nous permettra de nous occuper pour cette journée d'attente (notre avion ne décollera pas avant 1h du matin!).
Nous nous réinstallons à la terrasse de celui que nous avons renommé « le cubain » et commandons un plat du jour, une cachupa et 2 caïpirinhas. Quelle déception ! Après nos pérégrinations sur les autres îles, ces plats nous semblent bien fades et légers ; et n'ayant de granité citron, nos caïpirinhas ne sont vraiment pas terribles !
Nous partons nous installer sur la plage pour continuer nos parties d'Oril.
Vers 17h, nous reprenons un aluguer pour Espargos, où nous nous installons au bar-restaurant Sivi (qui a de bonnes critiques dans le guide). Nous goûtons à la Strela en pression (bizarrement, elle nous paraît très mauvaise ces derniers temps), et commandons à manger pour être sûrs de ne plus avoir faim en attendant l'avion : la soupe de fruits de mer est très mauvaise (eau chaude avec un léger arôme de fruits de mer) et le mérou grillé est accompagné d'une petite bolée de riz mal cuit et de frites molles. Nous sommes loin des repas de chez Christine...définitivement, nous n'aimons pas cette île, à tout point de vue !
Nous repartons doucement à pieds vers l'aéroport, où nous devons attendre, une fois de plus, notre avion. C'est l'occasion pour nous de nous remémorer toutes nos aventures.
Mais cette fois ci, c'est sûr, nous quittons définitivement le Cap-Vert.

